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Nefesh , être-au-large
Nefesh , être-au-large
  • Le mot "âme" en hébreu : nefesh, du verbe nafash, "être au large", "souffler", "se reposer". Peut-être que la première fois qu'un Hébreu avait ressenti cet espace intérieur agrandi, cet "être-au-large" dans le souffle, il avait dit : nefesh. Ame.
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22 septembre 2007

La religion du serpent

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YHWH : Tu es toi avec l'autre (pas seul) aussi lontemps que tu ne prends pas tout.

Satan : Tu auras tout pour toi seul si tu renonces à être toi. (Mat, 4,8-9)

Combien de de fois est-il proposé de s'abandonner complètement au Dieu de Jésus Christ et de renoncer à être soi-même. Or, renoncer à être l'autre n'est pas renoncer à être soi. Tout au contaire...Et quelle perversion de la mystique fait du Dieu séparateur le grand possesseur auquel l'humain devrait se livrer dans la fusion ? Combien de fois le vocabulaire dit religieux nous arrive-t-il dans cet état ...Aider les sujets à sortir de ce qui les possède, c'est lutter contre une idole dévoratrice, souvent appelée Dieu, dont toute institution elle même dévorante ne peut critiquer la figure : celui qui ne s'interdit pas de manger l'autre ne saurait évidemment transmettre sans pervertion l'interdit fondateur. Mais comment ne pas dévorer lorsqu'on ne sait pas qu'on est dévoré ou, pis encore, que l'on croit "saint" de l'être ?

Si donc quelqu'un vous dit que le Dieu appelé YHWH veut que vous renonciez à connaître, veut que vous viviez sans vous, attention, c'est le serpent, dit la Genèse . Si l'on vous apprend que ce Dieu ne veut pas que l'homme désire jusqu'à Dieu, sachez que cette sagesse là n'est pas divine ; sachez que c'est le tentateur qui vous parle.

Si l'on vous append à désirer infiniment, mais sans loi c'est-à-dire sans l'autre, c'est encore le serpent qui vous parle, dit la genèse. En cette voie, un et un ne feront jamais deux et la liberté ne sera pas pour vous.

Si homme et femme avaient été créés, seraient-ils accessibles à la tentation , C'est leur inachèvement même qui permet le choix du chemin. Entre l'assurance sans conscience de la pure créature et souveraineté du sujet déjà advenu comme incréé (fils de l'Incréé), l'humain chemine, mâle et femelle, allant vers homme et femme ; géniteur et génitrice, vers père et mère, créé vers engendré... La proposition du serpent présente les traits de l'universelle tentation pour tous les êtres parlants : chercher la vie dans la puissance par la possession de la chose d'un tout-puissant ; et non dans la présence par la reconnaissance de l'autre lui-même.            

Marie Balmary (La Divine origine)

Nous autres gens de la rue, nous savons très bien que tant que notre volonté sera vivante nous ne pourrons pas aimer pour de bon le Christ. Nous savons que seule l’obéissance pourra nous établir dans cette mort. Nous envierions nos frères religieux si nous ne pouvions, nous aussi, mourir un peu plus à chaque minute.

Les menues circonstances sont des << supérieures >> fidèles. Elles ne nous laissent pas un instant et les << oui >> que nous devons leur dire succèdent les uns aux autres. Quand on se livre à elles sans résistance, on se trouve merveilleusement libéré de soi-même. On flotte dans la Providence comme un bouchon de liège dans l’eau. Et ne faisons pas les fiers : Dieu ne confie rien à l’aventure; les pulsations de notre vie sont immenses, car il les a toutes voulues.

Dès le réveil, elles nous saisissent. C’est la sonnerie du téléphone. C’est la clé qui tourne mal. C’est l’autobus qui n’arrive pas, qui est complet, ou qui ne nous attend pas. C’est notre voisin de banquette qui tient toute la place; ou la glace qui vibre à nous casser la tête.

C’est l’engrenage de la journée, telle démarche qui en appelle une autre, tel travail que nous n’aurions pas choisi. C’est le temps et ses variations exquises parce que absolument pures de toute volonté humaine. C’est avoir froid ou c’est avoir chaud, c’est la migraine et c’est le mal aux dents ; ce sont les gens que l’on rencontre. Ce sont les conversations que nos interlocuteurs choisissent. C’est le monsieur mal élevé il nous bouscule sur le trottoir; ce sont les gens qui ont envie de perdre du temps et qui nous happent.

L’obéissance, pour nous, gens de la rue, c’est encore de nous plier aux manies de notre époque quand elles sont sans malice. C’est d’avoir le costume de tout le monde, les habitudes de tout le monde, le langage de tout le monde.

C’est, lorsque l’on vit à plusieurs, d’oublier d’avoir un goût et de laisser les choses à la place que les autres leur donnent. La vie devient ainsi une sorte de grand film au ralenti. Elle ne nous essouffle pas. Elle ronge petit à petit, fibre par fibre, la trame du vieil homme,  qui n’est pas raccommodable et qu’il faut totalement renouveler. Quand nous nous sommes accoutumés à livrer ainsi notre volonté au gré de tant de minuscules choses, nous ne trouvons pas plus difficile, quand l’occasion s’en présente, de faire la volonté de notre chef de service, de notre mari ou de nos parents.

Et nous espérons bien que la mort même sera facile. Elle ne sera pas une grande chose, mais une suite de petites souffrances ordinaires l’une après l’autre consenties.

La lumière de l’Évangile n’est pas une illumination qui nous demeure extérieure : elle est un feu qui exige de pénétrer en nous pour y opérer une dévastation et une transformation.

Celui qui laisse pénétrer en lui une seule parole du Seigneur et qui la laisse s’accomplir dans sa vie, connaît plus l’Évangile que celui dont tout l’effort restera méditation abstraite ou considération historique. L’Évangile n’est pas fait pour des esprits en quête d’idées. Il est fait pour des disciples qui veulent obéir.

L’obéissance demandée au disciple de Jésus-Christ agenouillé devant la parole et l’exemple de son maître, n’est pas une obéissance discursive, raisonneuse, interprétative; elle est une obéissance d’enfant revenu à son ignorance radicale de créature, à son aveuglement universel de pécheur.

En face de ces consignes simples et impitoyables, il n’y a pas  à présenter nos « peut-être >> ou nos « à peu près >>, il y a seule ment possible le « oui oui >> qui nous ouvre la vie, le << non non >> qui nous referme sur la mort. Ces paroles sont faites pour atteindre en nous des racines de corruption dont nous ne pouvons  deviner la profondeur parce que nous n’avons pas conscience du  haut lieu où réside notre sainteté. Il ne faut donc pas nous étonner  des cheminements interminables et douloureux, des bouleversements intimes que chacune de ces paroles opère en nous. Il ne faut pas arrêter cette sorte de chute de la parole au fond de nous- mêmes. Il nous faut le courage passif de la laisser agir, en nous.

<< Qu ’il me soit fait selon votre Parole. >>

  Et quand une seule de ces paroles nous aura ainsi volé à nous- mêmes, il nous faudra savoir désirer communier à toutes les autres, même si alors ce petit livre nous semble immense et notre vie tout entière minuscule, étroite et incapable de le supporter.

                         Madeleine Delbrêl

Le champ de l’Autre

Par pulsion votre esprit nous guide ; par contact il nous annonce ce qui est. Son enveloppement muet ensème notre cœur d’un germe de paroles. Aux mots que nous disons dans notre solitude et notre noir, répond le silence de votre esprit ; un silence dont la proximité nous enserre et nous enseigne.

Pour cela, il suffit de savoir que nos yeux sont vraiment incapables de voir et nos oreilles sourdes à tout ce qui est vous.                    Madeleine Delbrêl   (la joie de croire p.91)

            

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